C’est terminé ! Vous ne pourrez plus vous cacher derrière votre notoriété ! Les victimes d’agressions sexuelles et de viols parlent et vous font trembler, vous, hommes de pouvoir, jusqu’à présent persuadés d’être intouchables. Vous aurez toujours des sympathisants pour vous défendre bec et ongles contre les vilaines féministes hystériques qui ont osé vous accuser. Vous deviendrez la victime de votre propre crime, car oui, le viol est bien un crime passible de 15 ans d’emprisonnement. Et n’ayez crainte, vous serez toujours reconnu par vos pairs comme un homme de talent qui a commis une simple petite erreur de jugement. C’est humain après tout ! Mais le vent tourne et sentez le bien vous arriver en pleine figure car il n’est pas près de retomber.
Qui êtes-vous, personne insignifiante ?
L’amnésie est le premier mal qui vous touche quand vous êtes mis face aux faits. Vous jurez au nom de tous, Dieu, votre mère, vos enfants, que vous ne connaissez pas cette personne. C’est une folle qui a besoin d’argent ou qui cherche la célébrité, je n’ai jamais vu cet individu de ma vie. Et étrangement, au fur et à mesure que les éléments se mettent en place, vous êtes bien obligé de constater que votre argument ne tient plus la route. Tout à coup, l’inconnu qui en voulait à votre porte-monnaie une heure plus tôt devient comme par magie une relation sexuelle consentie. Pourquoi ne pas l’avoir dit en premier lieu ? Inutile de répondre, pour protéger ma famille, elle sera de toute façon informée d’une manière ou d’une autre. Il vaut donc mieux avouer une liaison dès le début plutôt que de revenir sur votre déclaration, cela n’aide pas beaucoup à croire en votre innocence.
Que vaut la parole des victimes ?
Une accusation ne prouve pas la culpabilité, il faut faire valoir la présomption d’innocence jusqu’à ce que le jugement soit rendu. D’ailleurs, les accusés adorent se planquer derrière le bouclier de la sacro-sainte présomption et clamer haut et fort leur innocence. Et pendant ce temps-là, les victimes, elles, qu’est-ce qu’elles ont ? Et bien leurs yeux pour pleurer, pendant que l’on épluche leur vie de long en large en essayant de trouver des éléments pour les décrédibiliser. Comme si l’agression qu’elles avaient subie n’était pas suffisante, on se doit d’en rajouter, de piétiner leur vie dans l’espoir qu’elles se rétractent, lassent de devoir se justifier. Que vous soyez une femme, un homme, de n’importe quel âge et de n’importe quelle nationalité et que vous êtes victime d’une agression sexuelle ou d’un viol, parlez ! Il devient insupportable que votre parole soit mise au second plan sous prétexte que votre bourreau est quelqu’un d’influent.
Détruire les murs du silence
Gardez toujours à l’esprit que votre vie est aussi importante que la sienne et avoir du pouvoir ne lui donne aucun droit sur vous. Le Docteur William Lowenstein, addictologue, invité sur Europe 1 en octobre 2017 établissez un portrait sinistre des prédateurs sexuels qui selon lui sont quasiment tous des hommes de pouvoir. Il précise également : “Ce sont des hommes qui sont souvent très intelligents et de ce fait, ils vont arriver à des postes qui vont leur permettre d’exercer cette perversion.” Attention cela ne veut pas dire que tous les hommes de pouvoir sont des prédateurs sexuels, la nuance doit être faite. Cela implique que vous n’êtes pas sa seule proie et que si vous vous taisez, votre agresseur pourra continuer ses agissements avec d’autres en toute impunité. Il a violé votre intimité, vous a humilié et n’hésitera pas à salir votre témoignage, ne le laissez pas prendre votre dignité. La tâche ne sera pas facile, faites appel à des associations pour vous aider, ne restez pas seul et n’ayez jamais honte de vous, c’est à lui d’avoir honte pour ce qu’il vous a fait. Si tant est que ce mot fasse partie de son vocabulaire.
Que fait la justice ?
La libération de la parole des victimes doit aussi faire évoluer la justice. La prescription ne devrait pas avoir lieu lorsqu’il s’agit d’agression ou de viol. Lorsqu’une personne est agressée ou violée, son cerveau se déconnecte de ses émotions dans un réflexe de survie, il refuse de faire face au traumatisme. Et comme c’est compréhensible de vouloir endormir ses sentiments dans des moments comme celui-ci ! Cet état de sidération peut s’installer pendant longtemps ou non selon les personnes, chacun se protège comme il peut. Puis vient le sentiment de culpabilité que l’agresseur a réussi à faire naître et finalement la honte. Il est donc évident que certaines victimes ne parlent que des années plus tard et ce n’est pas pour cela que leur parole doit être mise en doute. Bien sûr des preuves doivent être apportées et si l’agression est très ancienne, il peut parfois être difficile d’en trouver. Mais il existe l’examen psychologique qui permet d’évaluer les traumatismes et faire ressortir les violences qui ont été endurées. Trop souvent, cet examen est utilisé uniquement dans le but de vérifier la fiabilité de la victime, comme si c’était elle le problème. Quelle aberration !
Non, le viol n’est pas un fantasme pour une femme, le viol consenti n’existe que dans votre tête de détraqué. Oui, les hommes aussi peuvent se faire violer et ils devraient pouvoir s’exprimer sans être jugés. Et non, cet acte ne vous rend pas tout-puissant et viril, mais monstrueux, détestable et abject. Policiers, procureurs, juges faites votre travail et aidez toutes les victimes sans distinction dans leur parcours judiciaire, car oui, ce sont bien elles les victimes et pas l’inverse. Les hommes de pouvoir accusés ont la présomption d’innocence pour eux, les plus grands avocats, des relations bien placées, les victimes, elles, n’ont rien !