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L’écrivaine Virginie Despentes trouve à nouveau les mots justes pour dénoncer les inégalités

Virginie Despentes, romancière et réalisatrice française, s’est à nouveau illustrée au travers d’une lettre puissante qu’elle intitule « Lettre adressée à mes amis blancs qui ne voient pas où est le problème… » : des mots poignants qui reviennent sur ce racisme qu’en tant que blanc il est trop facile de ne pas voir.

Habitués de la consommation à outrance d’articles d’information en ligne, voici un retour sur ces écrits journalistiques qui allient mots et message engagé grâce à une plume saisissante.

Fini de se taire après les Césars

L’écrivaine avait fait parler d’elle en mars 2020 avec sa puissante tribune « Désormais on se lève et on se barre ».

En cause : la cérémonie des Césars. Les 12 nominations du film « J’accuse » de Roman Polanski (notamment celle pour le prix du meilleur réalisateur) avaient déclenché une polémique bien avant ladite cérémonie. En effet, le réalisateur franco-polonais a été condamné par la justice américaine pour abus sexuel sur mineur et a fui le pays depuis. Considéré comme fugitif, la France semble néanmoins l’accueillir à bras ouverts en lui permettant de réaliser ses films à gros budget (environ 21 millions d’euros, sachant qu’en moyenne un long métrage français coûtait en moyenne 4 millions d’euros en 2018), de les sortir au cinéma et de prétendre à l’obtention de plusieurs Césars, ce que condamnent fermement les militants féministes entre autres.

Des suites du mouvement #MeToo ayant frappé le domaine du cinéma en 2018 avec l’affaire Weinstein, les militants espéraient obtenir l’annulation des nominations de ce film. Mais rien n’y a fait. En plus des nominations maintenues pour le film de Polanski, ce dernier a décroché la récompense suprême du meilleur réalisateur, déclenchant une vague de protestation en ligne ainsi que parmi certains acteurs du milieu comme Adèle Haenel, particulièrement touchée par le sujet de par son combat contre le réalisateur Christophe Ruggia.

C’est après cette révélation et ce geste d’Adèle Haenel, quittant la cérémonie après le verdict final, que Virginie Despentes a écrit sa tribune parue dans Libération.

En s’adressant aux puissants, l’autrice écrit : « Le monde que vous avez créé pour régner dessus comme des minables est irrespirable. On se lève et on se casse. C’est terminé. »

Tribune massivement partagée, les mots de l’écrivaine amène un élan de puissance supplémentaire à la réaction de l’actrice qui avait fait la Une de beaucoup de journaux dès le lendemain de la cérémonie.

Fini le silence. On ne fermera plus les yeux. On n’acceptera plus.

Black Lives Matter et hommage à Adama Traoré

« En France, nous ne sommes pas racistes mais je ne connais pas une seule personne noire ou arabe qui ait ce choix »

Les mobilisations récentes aux quatre coins du globe faisant suite au meurtre de George Floyd ont mis sur le devant de la scène internationale le mouvement Black Lives Matter (en français, la vie des noirs compte) dénonçant entre autres les brutalités policières aux États-Unis.

Le racisme systémique de nos sociétés, en particulier concernant les violences policières sur des personnes noires, est lourdement pointé du doigt et le monde entier semble se soulever unanimement en soutien à cette minorité qui souffre depuis bien trop longtemps.

Contrairement à ce que chacun pourrait penser, ce n’est pas une affaire exclusive aux États-Unis. En France, nous sommes tout autant servis. L’affaire Adama Traoré est le visage actuel de ces violences policières racistes qui peinent à être médiatisées en temps normal. La mort de George Floyd fait d’ailleurs froidement écho à celle d’Adama puisqu’elle implique également un plaquage ventral qui aura été fatal. Assa Traoré, la sœur de la victime, avait lancé en 2016 le mouvement « Vérité et justice pour Adama ». Après un appel du Comité pour Adama, des milliers de personnes ont ainsi manifesté à Paris le mardi 2 juin dernier contre les violences policières et le racisme.

Le 4 juin 2020 au matin, Augustin Trapenard lisait la lettre de Virginie Despentes sur France Inter. L’autrice soulève ligne après ligne comme chaque lien qu’elle a eu par le passé avec la police était étroitement lié avec la présence d’une personne racisée.

Privilèges invisibles d’un privilégié

L’autrice écrivait alors « le privilège, c’est avoir le choix d’y penser, ou pas ».

On nait tous avec des privilèges.
Que l’on soit blanc plutôt que noir.
Que l’on soit homme plutôt que femme.
Que l’on soit hétérosexuel plutôt que gay.
Que l’on soit cisgenre plutôt que transgenre.
Que l’on soit valide plutôt qu’handicapé.

On profite de ces privilèges souvent sans même s’en rendre compte.

En tant que blanc, on tombe des nues. En tant que racisé, on se dit que c’est comme d’habitude. 

Alors prenons le temps d’écouter pour une fois.

Arrêtons de nier ce que nous ne connaissons pas quand d’autres le vivent réellement au quotidien.
Arrêtons de vouloir ramener les minorités à des êtres humains comme les autres quand c’est simplement pour invisibiliser leur souffrance.

À ces blancs qui ne voient pas le problème, prenez le temps d’écouter, de comprendre et de vous instruire pour éduquer à votre tour comme l’a fait Virginie Despentes, femme blanche, dans sa lettre ouverte à un peuple ayant trop longtemps porté des œillères.

Photo par Zach Vessels sur Unsplash

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Ecrit par

Ingénieure biomédical reconvertie, j'écris des articles sourcés sur des thématiques variées (organisation, écologie, jeux vidéo, réseaux sociaux et webmarketing,...) qui me tiennent toujours à coeur. Vous pouvez acheter mes autres articles sur ma page Wriiters

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