Home sweet home, l’expression ne s’est jamais si bien portée depuis le confinement. Certains, poussent l’expression à l’extrême et redoutent, voire refusent, de sortir. Ils sont atteints par le syndrome dit “de la cabane” qui se traduit par la peur de quitter son lieu d’enfermement pour retrouver une vie normale. Mais au-delà du syndrome, serait-ce les prémices d’un autre choix de vie ?
Ma cabane aux USA
L’origine du syndrome de la hutte ou cabin fever, remonte au début du XXe siècle à l’époque de la ruée vers l’or. Au nord des Etats-Unis, les prospecteurs restaient des mois enfermés dans des cabanes à la recherche du précieux métal et d’une vie meilleure. L’expérience était si extrême, qu’angoissés à l’idée de sortir, il leur était impossible de retrouver le chemin de la civilisation. Un siècle plus tard, retournement de situation : les revendications de liberté prennent un tout autre visage au pays de l’oncle Sam. Alors qu’on dénombre 40 000 décès liés au coronavirus, leur président contredit publiquement ses experts en santé publique et donne raison à leurs détracteurs les plus extrêmes.
L’enfer, c’est les autres
A l’heure du déconfinement le syndrome de la cabane explose, le confinement ayant touché la moitié de l’humanité, tous les continents sont concernés. En Chine, une étude a été consacrée au phénomène. Sur 58 000 personnes étudiées, de nombreux problèmes psychologiques comme des crises de panique, des angoisses, de la dépression, ont été constatés. En Espagne, les psychologues s’intéressent de près à ce phénomène et l’expliquent ainsi : “Votre maison est une zone de confort dans laquelle vous vous sentez protégé, à l’extérieur, vous avez peur d’être contaminé. La fin du confinement peut ressembler à la fin d’agréables vacances. Après deux mois sans grand contact social, retourner dans la rue fait peur”.
L’essayer c’est l’adopter
40% des français n’ont pas envie de se déconfiner et on les comprend ! Échapper à la pression du quotidien est une option confortable et même enviable. Certaines personnes voient là l’occasion de fuir face aux exigences qui règnent en maître dans le monde “adulte”. La pause confinement devient alors une véritable respiration pour les personnalités introverties, l’occasion idéale pour ne plus se contraindre à fréquenter l’autre. Chacun a ses raisons, si le confinement a parfois été vécu comme une parenthèse enchantée, le retour à la vie réelle ressemble bel et bien à l’enfer.
Un autre choix de vie
Le syndrome de la cabane est-il la manifestation d’une période transitoire ou exprime-t-il la volonté d’un réel changement ? Pourquoi renoncer à ce rêve qui déjà vous échappe, le regard encore comptable du stock de papier toilette… Comme le confesse ce blogueur, “Nous avons bâti notre petit monde de routines et de jeux, et l’idée que tout cela s’achève me serre désormais le cœur… Ce confinement a changé quelque chose. Il m’a donné l’aperçu d’une autre vie, une vie dans laquelle je ne serais pas obligé de laisser mon bébé à quelqu’un d’autre, de ne la voir qu’un petit peu le matin et un petit peu le soir.” Comme Candide qui cultive son jardin, désormais on peut avouer être heureux… dans sa petite forteresse.