Depuis quelques mois, la Covid-19 occupe le devant de la scène. Attribuée à la chauve-souris, au pangolin puis récemment à la civette, cette maladie ne serait-elle pas simplement l’ultime appel au secours d’une Terre maltraitée par les Hommes ?
Des constats alarmants
Du retour de la variole à l’établissement de la dengue sur le vieux contient, les constats des scientifiques tendent vers un pessimisme croissant.
La Covid-19, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, illustre les dangers d’une promiscuité de plus en plus intense entre les hommes et les animaux sauvages. Mais, le réchauffement climatique, autre phénomène causé par les Hommes, pourrait tuer plus encore si nous n’y prenons pas garde.
Oublié au nord de la Russie, de l’Alaska ou du Canada, le permafrost constitue la plus dangereuse des bombes à retardement. Au cœur de ces terres congelées, des millions (milliards ? ) de virus et bactéries reposent en attendant leur heure. Ce moment où, à la faveur du réchauffement climatique, les glaces vont fondre pour les laisser revivre.
Mais ce n’est pas tout, le réchauffement climatique favorise aussi l’installation d’espèces invasives (et parfois nuisibles) sur des terres étrangères. Ainsi, le vieux continent est colonisé par le frelon asiatique et certains moustiques vecteurs de maladies tropicales, entre autres.
Le retour de Néandertal
Dans le cœur du grand Nord, là où jadis s’éteignirent hommes de Néandertal, mammouths et rhinocéros laineux, une vie souterraine dort paisiblement.
En 2016 déjà, le sol de glace donne une première alerte. Un adolescent, au contact d’une vieille carcasse d’élan dégelée, meurt de l’anthrax, une maladie disparue depuis plus de 75 ans dans la région.
Les scientifiques ne savent toujours pas aujourd’hui si cette carcasse était enfoncée profondément dans le permafrost ou si elle se trouvait à la surface dans des terres qui dégèlent et regèlent. Mais le constat est là : certains pathogènes se réveillent lorsque que survient la fonte des glaces.
Dans cette partie du globe, des cimetières de glace renferment des victimes d’épidémies mortelles, qui, à l’heure actuelle ont encore une résonance dans la population. Qui peut se targuer d’avoir oublié la grippe espagnole ? Qui ignore que la variole, autrefois nommée petite vérole, a décimé des populations entières ? Ces pathogènes se trouvent dans les terres du Nord, sagement endormis, en attente d’une nouvelle opportunité de se déployer.
Pourtant, aux yeux des scientifiques, ce ne sont pas ces pathogènes-là qui représentent le plus grand danger. Certes, une épidémie locale ferait des dégâts, mais nous possédons aujourd’hui des vaccins efficaces pour y faire face.
Non, le danger le plus important vient de plus bas, plus profond dans la terre. Dans ces couches de glace qu’aucun homme de l’ère moderne n’a foulées, mais qui présentent de dangereux signes de réchauffement.
Dans ces couches lointaines (mais plus tant que cela) dorment des virus et des bactéries de l’ère néandertalienne. Ces pathogènes sont à l’heure actuelle totalement inconnus, comme le Sars-Cov2 il y a encore quelques mois. Pourtant, ils pourraient représenter un danger bien plus grand que les épidémies que le monde a connues.
Un festin à ciel ouvert
Dans ce climat de réchauffement global de la terre, le danger ne vient pas uniquement du Nord.
Des espèces tropicales (moustiques, mouches, tiques…) trouvent les terres tempérées de plus en plus à leur goût pour s’y installer, avec un risque de transmission de maladies.
Parmi ces virus actuels, la dengue, le chikungunya ou encore la fièvre Zika ne savent échapper à la vigilance des scientifiques. En effet, leur hôte, le célèbre moustique tigre (aedes albopictus) fait partie des espèces les plus invasives et les plus surveillées.
Plutôt casanière, et originaire des régions tropicales, cette espèce prend ses quartiers dans nos pays. Le petit diptère séjourne déjà en permanence dans le sud de l’Europe, aux abords de la Méditerranée. Et, d’années en années, il étend son territoire vers les terres plus au nord.
Sa présence sur le vieux continent a déjà donné lieu à des épidémies plus ou moins localisées. Entre 2007 et 2017, l’Italie a connu plusieurs centaines de cas de chikungunya. La dengue a, quant à elle, frappé quelques dizaines de fois en France entre 2010 et 2019. Quant à la fièvre Zika, elle a joué les invitées clandestines en 2019 sur quelques Français.
Mais, si le moustique tigre et ses maladies sont assez bien connus des populations, un autre diptère progresse également vers nos régions. Le moustique anophèle, responsable du paludisme, se dissémine aussi à la faveur du réchauffement climatique.
Chaque année, il cause, en Afrique subsaharienne, plus de 200 millions d’infections. Aujourd’hui, ce moustique trouve ses aises de plus en plus haut sur les plateaux kényans et fait des incursions en Europe, où il avait depuis longtemps disparu. Si la malaria prospère surtout dans les pays pauvres, il n’en reste pas moins qu’en 2008 elle s’est discrètement introduite en Grèce.
Et demain ?
Aujourd’hui, les scientifiques posent le constat d’un terrain rendu de plus en plus propice à ces évènements en raison du réchauffement climatique, mais aussi de la promiscuité des hommes et des animaux. Si les terres gelées et les animaux “tropicaux” sont vecteurs de maladies, il faut toutefois que les pathogènes trouvent des hôtes naïfs (donc nous, les humains) pour se reproduire.
À l’heure actuelle, les signaux sont inquiétants en termes de possibilités, mais ne l’étaient pas forcément, jusqu’à la Covid-19, en termes de propagation. Cependant, le temps presse … la maison brûle et ce ne sont plus quelques maigres seaux d’eau qui vont éteindre l’incendie. Le point de non-retour est proche, très proche et il ne tient qu’à nous, citoyens du monde, hommes et femmes de l’espèce humaine de changer les choses.
L’après Covid-19, car il y aura un après, va nous offrir la possibilité de reconstruire, alors reconstruisons bien et surtout reconstruisons mieux !