Ni la chloroquine, ni son dérivé l’hydroxychloroquine ne se montrent efficaces contre le Covid-19. L’étude parue le 21 mai dans The Lancet, revue scientifique médicale qui fait autorité, corrobore le fait que ces molécules « ne bénéficient pas aux patients du Covid-19″, comme l’a déclaré le docteur Mehra, auteur principal de l’étude.
Une bougie “Saint-pathos”
Adieu guérison miracle, que va-t-il nous rester ? Pas grand-chose si ce n’est le plaisir sournois de voir Trump s’empoisonner allègrement à la chloroquine. À peine déconfinés, nous voilà orphelin. Et quelle perte ! Le trublion en blouse blanche sera t-il relégué dans un cabinet de curiosités ? Telle la bougie à son effigie, créée par les heureux propriétaires d’une boutique spécialisée située à La Ciotat. Il existe même une gamme baptisée “bougies saints-pathiques”. À défaut, on pourra toujours rebaptiser la bougie Raoult “Saint-pathos”, même si elle n’est pas remboursée par la Sécurité sociale.
Play it again
Triste camouflet pour notre infectiologue national, pourfendeur des élites, druide du renouveau médical et Pasteur incompris de ses pairs. Inquiets et désemparés, ils étaient nombreux à fonder leurs espoirs sur la star de la microbiologie, à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille. C’est qu’on s’était presque habitué à le voir prendre la parole d’autorité, minimiser la crise en cours et les risques à venir, mélanger prédictions et articles qu’il publie à un rythme effréné (3 000, selon la base de données Scopus qui référence 21 000 journaux scientifiques). Alors Raoult, génie scientifique incompris ou manipulateur maladroit ?
De l’usage de la saignée
“Valot avait purgé le Roi dont il s’est trouvé plus mal : aussi n’y a-t-il rien de plus dangereux qu’une médecine prise trop tôt et qu’un médecin ignorant”*. Ainsi, tel un Michel Cymes dans son cabinet médiatique, l’omniprésent mandarin lasse et pèse sur l’image des blouses blanches. Dans un contexte sociétal traversé par la peur et la défiance, ce qui se joue autour de ce personnage controversé n’arrive pas par hasard. Le Covid-19 succède à une série de crises et scandales sanitaires (la vache folle, l’affaire du sang contaminé, les dérives autour du Mediator, grippe H1N1…). Cette crise nous confronte à des défis pour lesquels peu de réponses existent. Les grandes épidémies que l’on croyait maîtrisées reviennent par-delà les continents par le biais d’un animal qui n’était pas destiné à finir dans l’assiette de l’Homme. En l’absence d’essai thérapeutique, l’étude du Lancet ne permettra pas de clore définitivement le débat sur ces molécules. Pour survivre médiatiquement, le Don Quichotte du coronavirus va-t-il engager un nouveau combat ?
*Le voyage de Mercure, Satire IV, « Le médecin pédant » de Furetière (1655)